C’est au printemps 1961.
Tout commence dans le petit port de Stora .
Le « outs » (bateau à deux pointes)de JOSEPH LAURO est fin prêt pour une excursion sur la dernière des 7 îles : celle qui se trouve la plus éloignée du rivage.
Il fait beau et la mer est d’huile. Les invités sont à bord et bavardent bruyamment. Monsieur LOJOU Jean, directeur du groupe scolaire Louis Morel, d’origine bretonne compare les sautes d’humeur de la mer Méditerranée avec celles de l’Océan Atlantique. Monsieur Lauro tourne la manivelle pour lancer son moteur Bernard. Son jeune fils Antoine parle de son futur poste d’instituteur à un autre jeune enseignant :votre serviteur . Le CAP de FER commence à rougeoyer .Le jour se lève ,il faut partir…..

François, Antoine, & Jean Lojou

Nous doublons le phare de Stora , direction NO puis Ouest . François déroule une ligne de traîne sans leurre au bout de laquelle il accroche à l’hameçon un morceau de bonite salée qu’il a toujours en réserve ; Jean et moi , curieux, lui demandons POURQUOI ? La réponse se traduit par un sourire et un seul mot « Attendez ». L’ appât flotte par la vitesse du bateau . Un vol de goélands suit notre sillage. Soudain l’un d’entre eux se laisse tomber sur la proie, l’avale et reste accroché . Notre maître à bord tire rapidement la ligne avec l’oiseau. ? ? ? ? ? Nous avons passé le temps des restrictions : il ne va tout de même pas manger du goéland.
Non ! soyez rassurés. L’animal se débat mais l’homme le maîtrise : le décroche et lui arrache une plume à chaque aile et l’oiseau libre reprend son envol. Pendant ce temps , nous admirons le FER à CHEVAL (LE TROU AUX DAMES) , le phare de SRIGINA, LES PIGNES , la GRANDE PLAGE. Nous longeons maintenant L’AQUA PEZ(orthographe phonétique), plage de sable blanc …devant nous au loin apparaissent les 7 îles .

Fer à Cheval à Stora - Trou des Dames à Philippeville

Le Phare de Srigina

Coucher de soleil sur les 7 îles

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Mais avons –nous oublié de poser à Joseph la question : pourquoi avez-vous arraché une plume à chaque aile du goéland ?
Avec un sourire triomphant , il répond :
—-« Ah ! ces instits , ils ont encore à apprendre. Il y a chez une espèce de goélands une plume dans chaque aile , une plume « ferme » , c’est –à –dire une plume qui ne s’effiloche pas , tous les petits filaments sont solidaires et très serrés. Elles me servent de leurres pour mes lignes de traîne : très efficaces pour la bonite , la serre … »

Eh oui ! On apprend tous les jours et d’une seule voix , mon collègue et moi lançons avec un air moqueur « Merci maître Lauro ». La bonne humeur est à bord et l’embarcation approche du petit îlot : la septième île. La mer est étale . Les passagers abordent très facilement les rochers . Le bateau est amarré et stabilisé grâce à un grappin jeté au large. C’est la première fois de ma vie que je mets les pieds sur ce rocher. Je me sens l’âme d’un pionnier . Jean aussi !

— Ensuite MAITRE LAURO ?
Tout individu peut être un excellent pédagogue qui s’ignore. Pour éviter des mots inutiles , Joseph prend son couteau de poche et décolle une grosse arapède qui se trouvait à un mètre au-dessus du niveau de la mer . Elle ne trempait pas dans l’eau. Il se tourne vers nous et nous rappelle un moment de l’histoire de France sous la REVOLUTION :….. les Girondins et LES MONTAGNARDS….Pourquoi MONTAGNARDS ?
Nous avons répondu « ces parlementaires s’appelaient MONTAGNARDS parce qu’ils étaient placés en haut des tribunes ».
—Pour nous à Stora , ces arapèdes sont des MONTAGNARDES ».
A quatre personnes , deux paniers sont très rapidement remplis en passant par la dégustation sur le terrain , pardon sur le caillou. (vin blanc , pain frais….). Ah !Ces montagnardes : un régal !
Après ce casse croûte très iodé , les convives décident d’explorer cet îlot. Le sommet abrite, des tempêtes, quelques touffes d’épineux endurcis par les intempéries . Et en leur centre ,nous découvrons des nids de goélands avec des œufs. La répétition est l’art de la pédagogie , Dame nature l’a inventée bien avant nous par le biais de l’écho « Nous allons ramasser des œufs pour faire une bonne omelette ». « Nous allons ramasser des œufs pour faire une bonne omelette »répète l’écho . Au double commandement, des mains lestes plongent dans les nids . La cueillette s’annonce abondante ….
Soudain nos chapeaux se soulèvent de nos têtes , roulent sur le rocher et tombent dans l’eau. Que se passe-t-il ? Ciel , une « horde » de goélands attaque les intrus que nous sommes . Leurs pattes palmées(heureusement palmées) effleurent les cheveux. La surprise est grande d’autant plus grande que nous recevons sur têtes et vêtements des fientes et quelles fientes !. Nous subissons un véritable bombardement d’excréments bien liquides …

Une seule issue : la fuite vers le bateau en abandonnant sur place la future génération de goélands . Encore quelques taches nauséabondes sur nos « ‘planches de salut » ‘ et le pilonnage cesse faute de « munitions ». Ouf !
Les pilleurs de nids s’éloignent rapidement de l’îlot . Sur l’embarcation, la bande des quatre sombre dans un fou rire délirant qui dérange au loin sur la colline surplombant une plage, une guenon avec son petit… Mais point d’omelette ! Sacrés goélands !

Les deux Frères

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Oued Bibi & Thermes romains

Merci JOSEPH , Merci ANTOINE pour cette journée mémorable . Où que vous SOYEZ, je ne vous oublierai jamais , JAMAIS.