A l'origine de ce chapitre.. Un menu d'un repas de gala, que vous pourrez regarder ci-dessous, et qui m'a été envoyé par Gérard Di Costanzo.
Et il est bien vrai, que Philippeville était alors "une ville agricole".. Un peu comme Alger, elle avait été obligée très tôt de nourrir l'armée qui y stationnait et qui partait à la conquête de
Constantine ; les jardiniers étaient surtout alors, des Maltais. Mais très vite aussi, il y eut la création de villages de colonies agricoles :
Les villages des convois de parisiens de 1848, Robertville, Gastonville & Jemmapes - St Antoine créé aussi en 1848 - Valée dont l'état-civil existe en 1844 etc..
Le long du Saf-Saf, dans cette plaine peu exploitée avant l'arrivée des européens. On connait bien "le calvaire des colons de 1848" - au moment de mon travail sur l'acteur philippevillois Pierre Blanchar,
dont les parents étaient de ces convois j'avais fait un calcul : 200 lots de concession en moyenne à la création de chaque village.. De ces 200 pionniers, ont eu l'attribution définitive de leur lot .. parcequ'ils avaient survécu sur place 3 ans,
seulement 15 foyers sur Robertville ou sur Gastonville (choléra de 1849).
Au moment de mes recherches sur Djidjelli, dans un dossier (2M432-Constantine CAOM) j'avais trouvé la lettre suivante signée Marguerite Dessert "Mes parents, Franc-Comtois ayant obtenu une concession à St Antoine année 1848,
n'hésitèrent pas vu les promesses qu'on faisait à cette époque, à vendre leur petite aisance à Mandeur, pour venir avec leur nombreuse famille essayer de faire une position à leurs nombreux enfants .
En effet, nous arrivâmes au lieu de notre destination au nombre de douze enfants plus père et mère; la mort au bout d'un an avait fauché huit enfants. Comme tous les autres colons, mes parents désolés durent déserter le village et sans abri retourner au pays avec les quatre enfants leur restant.
Moi seule exceptée, j'avais 10 ans, je fus confiée à un ami de mon père qui voulut bien se charger de moi...." (Pour mémoire les lots à cette époque faisaient 10ha)
C'est dire.. Combien ce banquet de 1923, fait à base de seuls produits du terroir représente 70 ans de travaux, d'aménagement, de sueur...
"Un clin d'oeil sur les produits agricoles "filivillois". Ce document illustre les richesses de la polyculture valorisée par nos parents
tous primés pour la qualité des produits. Mon père, Philippe, longtemps secrétaire du syndicat agricole a oeuvré pour défendre cette identité
culturelle. Je vous laisse le soin d'interpréter ce document datant de 1923 et
destiné à Jean Balestrieri, frère de ma maman." Gérard Di Costanzo
Remarquez que la charcuterie n'est pas notée "de Philippeville".. Peut-être ne voulaient-ils pas en préciser l'origine... Porc ou sanglier.. Car les nombreux sangliers tués
dans les montagnes au-dessus de Stora, étaient traités par les charcutiers de la ville.
Gérard nous a écrit cette conclusion, qui me paraît très juste : "Peu de
choses ont été dites sur l'agriculture, économie essentielle de notre ville. Il est évident qu'un agriculteur contemporain travaille sur ordinateur. Nos parents
en étaient loin. Ils sont exclus des souvenirs. Pourtant, un témoignage serait rendre justice à ceux qui ont tant oeuvré pour fertiliser cette région.
Depuis l'Indépendance, les Algériens se sont endormis en basant leurs richesses essentiellement sur l'énergie fossile. Ils ont l'air de réagir. Par contre, les terres
fertiles de nos parents sont envahies par des HLM, il ne reste plus que des terrains stériles pour une éventuelle reprise des terres. C'est donc, avec ce
sentiment de nostalgie, que je vous ai envoyé le "fameux" menu au profit de la CARAVANE PARLEMENTAIRE. On ne précise pas si elle se déplaçait à dos de
chameaux... Bref, ce menu gastronomique est un témoignage de la richesse de notre pays natal, puisque tous les produits sont issus de Philippeville."G.di C.