La Rue des AURÈS

NOS RUES    La vue    l'escalier des bains      Mme Petagna     Rue des Aurès & Ecole avant le tournant en épingle à cheveu      Parachutistes      Ils y ont aussi habité !
Un diaporama de vues 57-59     —    Rue des Aurès 2006     —    Septembre 2006 : Itinéraire de Suzette et les commentaires de Gérard : Page suivante

 

      Nous étions arrivés par surprise à Philippeville en octobre 1952.. J'avais été reçue au Concours d'Entrée en 6ème, auquel maman m'avait présentée pour "m'entraîner" ; Pour mes parents qui n'avaient rien prévu, en dehors d'organiser leurs vacances scolaires.. Ce fut un peu précipité.. demander un poste d'enseignant, trouver un logement ; La première année nous avons eu une vie un peu bohême : trois mois de location dans un meublé de la Rue Antoine Bruno, puis un "appartement" à la Maison de l'Enfance, derrrière l'Ecole d'apprentissage. Il s'agissait d'une sorte de Crèche qui n'avait sans doute jamais obtenu les crédits de fonctionnement lui permettant d'ouvrir.. J'ai de vagues souvenirs, je dormais dans une espèce d'alcôve. Par contre, j'avais des copains formidables ; et puis, j'apprenais la ville ; nous étions assez loin du Collège, et mes trajets quotidiens sous les arcades me fascinaient... Papa avait la classe de Fin d'Etudes à l'Ecole Anatole France, que personne ne connaissait à Philippeville sous ce nom, mais sous celui "d'École CIANFARANI".
      A la rentrée 1953, papa a obtenu un appartement de fonction dans cette école. L'école était quasiment toute neuve, un peu de ce style "mauresque" que les architectes de l'époque affectionnaient à Philippeville ; l'appartement était superbe, juste au-dessus de l'entrée officielle de l'école ; la salle de séjour était vaste, mais tout en rond, ce qui posait des problèmes certains de mobilier. Mais ce qui était extraordinaire, c'était la vue.. Nous dominions la colline, nous dominions la ville, comme vous pouvez le voir sur les photos qui suivent, et qui ont été prises avec mon petit kodak de l'époque, une simple boîte..

La rue des Aurès.. au fond la mer Vue générale de Philippeville-colline de skikda, vue de ma chambre


      Cette rue comme vous pouvez le constater ne comportait aucun magasin.. Mais des marchands ambulants y passaient régulièrement.. J'ai dans les oreilles le cri matinal du vendeur de lait frais "ahlib...!" Et je descendais en courant avec mon pot à lait en aluminium, pour l'acheter ; il était là avec ses bidons et son âne. Pour le reste, il nous fallait descendre en ville, au Marché, rue Gambetta etc... Par contre, pour aller au Collège, tous les jours, je suivais cette rue ; des odeurs pas très agréables émanaient des couloirs des maisons qui bordaient la rue ; surtout au petit matin. J'étais demi-pensionnaire.. Je me souviens une fois d'avoir suivi une vieille dame, peut-être n'avait-elle que 50 ans, mais du haut de mes douze ans, elle me praissait âgée, d'autant qu'elle était dévoilée ; sur son dos elle avait un petit garçon, retenu par un système de foulards.. en afrique noire on aurait dit un pagne. Et il suçait avec ardeur le sein qu'elle lui avait envoyé par-dessus l'épaule.
      Ensuite pour arriver au Collège, je tournais à droite pour descendre les escaliers "des bains". C'était en effet là, à droite en descendant que se trouvait "l'établissement des bains publics".
"Je me souviens quand j'étais jeune, on n'avait pas de salle de bains, et on allait régulièrement s'y laver ; on arrivait, notre serviette éponge roulée sous notre bras...". Moi qui avais la chance d'avoir une salle de bains, ce dont je me souviens, c'est qu'il fallait faire attention, le matin, en descendant, parce que l'entrée était lavée à grande eau, et cet endroit était toujours dangereux.


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    Le retour était exactement le même.. pas question à cette époque là de baguenauder en ville. mon temps était minuté, car je devais aller à l'étude dans la classe de mon Père.. Celle-ci était sur le même étage que notre appartement ; je m'installais discrètement au fond de la classe, et me faisais toute petite. Il n'y avait que lorsque je devais aller chercher maman à l'école Pasteur, pour faire des courses ou aller à la Bibliothèque, que ce circuit changeait.
      Voici, toujours issue de la collection personnelle de Jean Paul, la rue des Aurès presque à l'arrivée à l'école. Avec au bout la fenêtre de ma chambre.
A droite, l'école et la fenêtre de ma chambre

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De ces deux ans passés Rue des Aurès je garde des images-flashs : Une fête du Mouloud.. certainement avant les bombes de juin 1955.. avec un copain musulman, de la fenêtre de ma chambre, nous balancions avec ardeur, des pétards sur les toits des maisons.. La JOIE..! Notre voiture était dans un garage privé que Papa louait... mais à qui ? Et nous marchions la plupart du temps, sauf bien sûr pour aller à la pêche. Mais surtout, c'est le ciel de Philippeville qui me fascinait, surtout lorsqu'il se couvrait des parachutes.. corolles beiges ou blanches, qui descendaient mollement comme dans cette photo, vers le terrain de Valée. Je vous invite à cliquer sur cette photo, pour découvrir les souvenirs d'un militaire de passage...



Je garde aussi le souvenir de la sonnerie aux morts qui se répercutait d'une colline à l'autre, d'une caserne à l'autre... Je n'ai jamais pu entendre depuis, cette sonnerie.. lors de cérémonies officielles, sans revoir Philippeville. Je sais que d'autres copines ont habité par la suite, cet appartement.. Cette page leur est ouverte, j'attends leurs "mémoires"... Qui est celle qui s'est présentée ainsi ? Marie Jeanne Bourguignon, ou Aline Gilbert.. ou Ghyslaine Mercier... Merci de me le dire, et à bientôt
Suzette GRANGER

24-11-2004... Voici déjà quelques réactions à mon modeste texte... Merci mes amis, continuez, il est bon de nous stimuler la mémoire. SG.
De Belkacem Hacene-Djabammah : "Chère Madame Granger:
Bonjour,
Je vous remercie pour les photos. Vous avez fait un travail très utile et aide tous ceux qui ont un lien avec ce petit coin qu'est la Rue des Aurès. C'était en face de votre fenêtre que mes copains et moi passions notre temps, assis sur le mur longeant la route [qui a été bloquée par la suite, jugée dangereuse pour la circulation]. Cette route servait de raccourci. En face de la porte d'entrée des écoliers, il y avait un épicier. Un autre se trouvait tout juste au bas de la Rue des Aurès mais avant les escaliers qui menaient au Hammam et au lycée. On appelait cet épicier El-Arrouchi car originaire de la ville d'El-Arrouche qui se situait sur la route de Constantine]. Je dois dire que la référence à "60 Rue des Aurès" était synonyme d'endroit difficile. Inutile de détailler les moments de sieste, l'intervention répétée des motards, les matchs de football en pleine rue qui se soldaient toujours par la perte de la balle sourtout lorsqu'elle atterrissait chez "les KAHOUL" qui habitaient la Villa sur laquelle donnait votre appartement. Bref, tant de choses à raconter!
Je crois reconnaitre Madame Mattarese. Je ne sais pas s'il y a d'autres noms ou photos du personnel de la période 1960-63. J'entends par là des enseignants (es) de la belle époque.
Entre 1964 et 1966, mes parents ont loué le premier étage de la Villa "Moubarek, le pompier" située sur la même Rue N°90 à peu pres. Après 1966 nous nous sommes retrouvés devant le marché de la Rue Antoine Bruno numero 55.
En été, je passais la plus grande partie de mon temps sur les différentes plages s'étendant du Château Vert jusqu'à Miramar puisque j'ai toujours adoré la natation. Le soir, c'était sur le boulevard front de mer où je me promenais avec les camarades de classe pour faire le point des sujets traités en classe.
Voilà, j'ai voulu partager avec vous ces quelques souvenirs. A bientôt, avec mes amitiés les plus sincères,
Belkacem"

Jean Paul Castanet a aussi réagi et je l'en remercie...
"Bien ton "écrit sur la rue des Aurés": mais je te signale qu'il y avait juste en face des escaliers des bains une épicerie "Tunisienne"
-Il y avait aussi quelques petits commerces indigènes en remontant (vers Ecole A France) la rue sur la droite face à la rue du Zeramna (rue et escaliers je crois avec sur la droite un monticule de terre...)
-et presque en face de chez moi 12 rue des Aurés un magasin qui a été épicerie puis magasin de linge etc..."

06-04-2005, de Michel Casamento :"je me permets de vous écrire suite au diaporama que j'ai trouvé tout à fait par hasard sur ma ville. J'ai habité Philippeville depuis ma naissance c'est à dire de 1950 à 1962, au 2,rue des Aurès : c'était la maison Vicrey!(nom de la propriétaire).
J'ai gardé de cette époque un souvenir inoubliable!!!! J'allais en classe à l'école des Fréres, qui d'ailleurs, est mentionnée, sur les diapositives.
Je voulais vous remercier de ce petit instant de bonheur! en parcourant votre site."


Je pense que je me racontais des histoires en filant ou en revenant du Collège..! car...c'est sûr il y avait des boutiques !
02-10-2005 de Guy Bonello : bonello.guy@neuf.fr né comme moi en 1943
"Bonjour, La rue des Aurès me donne des frissons, nous habitions au N°39 et en effet dans cette rue il y avait deux épiceries, une en haut des escaliers des bains que de fois montés pour aller à l'école ou aux courses de la famille et l'autre était située en haut de la rue quand nous revenions de Ferdinand Buisson et elles étaient toutes deux tenues par des européens.

Quand aux parachutistes, c'est incroyable j'ai fait ma prepa militaire parachutiste au Camp Pheau à la piscine de Jeanne D'arc chez Bigeard, c'est la première fois que je prenais l'avion de Valée à Bône pour mon premier saut. Je n'avais pas l'âge requis mais je me rappelle avoir fais des faux pour être inscrit à la prépa. Ma frangine Denise née en 37 n'a su que cette année que j'avais sauté avec les commandos Bigeard avant 18 ans, il faut dire que j'étais plutôt grand pour mon âge."

11/12/2005 : Pierre SULTANA nous écrit : "Certains correspondants dont Guy BONELLO ou JP CASTANET parlent des épiceries situées rue des aurès - j'y ai moi-meme résidé de ma naissance en 1945 jusqu'en 1951 au début de la rue, carrefour de la rue Kléber il y avait l'épicerie FARRUGIA tenue par les parents et le fils Charly - la seconde se trouvait au débouché de l'escalier venant des bains tenue successivement par les BONAVERO (le fils Jean-Baptiste habite NIMES) puis par les KOCZIAN." Sophiemorelarchi@aol.com

04/06/206 Le Dramont-St Raphaël... Retrouvailles émouvantes, Marie Claude D'Amelio, la petite fille de Mme PETAGNA (concierge d'Anatole France).. vient m'embrasser.. et les souvenirs reviennent en foule de nos jeux dans la cour de l'école..



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